Ciels d’orage

[sur le tableau d’Anselm Kiefer, Für Paul Celan, 2005 – Essl Museum, 18 avril 2012]

L’horizon est presque infime. Un ciel de nuit, un ciel d’oubli. Dehors, un ciel d’orage.
Violence des gris de plomb, des noirs de suie, des blancs de sel de ce paysage désert et immobile. La terre est aride, l’argile craquelée, la glaise gelée par la neige et la glace.
La toile est hérissée de ceps de vigne calcinés pareils à des corps nus et décharnés, image brûlante aux paupières.
Et devant ces ombres effroyables, une chaise blanche qui restera vide à jamais. Ni Margarete, ni Sulamith. Juste quelques cheveux de cendre accrochés au dossier, une moisson de bois mort et des traînées de craie qui rappellent son nom.
Dehors, la lumière d’avril s’est teintée de vert acide ; et dans le silence, les pas des visiteurs résonnent sur le parquet.