Quand on se trouve au sommet de la tour la plus haute du monde, la Burj Khalifa de Dubaï, où l’on est monté grâce aux ascenseurs les plus rapides du monde, on peut voir l’étendue incroyable de ce chantier, le plus vaste du monde, des gratte-ciels et infrastructures titanesques gagnés sur le désert et sur la mer : un parc aquatique à faire pâlir les autres pays de la péninsule arabique, l’hôtel Burj Al-Arab, le plus luxueux au monde, la plus grande marina du monde, Khor Dubaï, le pont le plus gigantesque du monde. Un projet urbanistique de tous les superlatifs, où même les centres commerciaux rivalisent de gigantisme : patinoires olympiques, cascades, aquariums géants, pistes de ski. Au loin, les presqu’îles artificielles de Palm Islands en forme de palmier, et l’archipel d’îles reproduisant les cinq continents rappellent que Dubaï est au bord de la mer et vivait autrefois de la pêche aux perles.
Quand on se trouve au sommet de la tour la plus haute du monde, au retour d’un voyage au Sri Lanka, on sait aussi qu’autrefois, l’île de Ceylan vivait de ses épices et pierres précieuses. Et même si le pays est toujours le deuxième exportateur mondial de thé, c’est aujourd’hui sa force de travail qui représente la base de son économie, en particulier celle des ouvriers du bâtiment. En effet, des milliers de travailleurs sri lankais partagent le sort d’Indiens, de Pakistanais et de Bangladais qui se vendent sur les chantiers pharaoniques des Émirats arabes unis. Leurs conditions de vie et de travail sont abominables et inhumaines : ils sont cantonnés dans des camps insalubres, entassés dans des baraques sans fenêtre, travaillent sept jours sur sept, dix heures par jour, pour des salaires de misère, et ne sont autorisés à rentrer chez eux qu’au bout de deux ans de bons et loyaux services. Alors un jour, ils se jettent dans le vide du haut d’une tour en construction. Et peu leur importe que ce soit la plus haute du monde.