Mir wurde diese Geschichte erzählt. Es soll im April des Jahres 1944 gewesen sein. Die Szene spielt sich in Castelsarrasin, in der Knabenschule des Viertels Saint-Jean ab. Ich kenne sie, ich war dort, als sie Jahre später die Schule umgetauft haben. Der überdachte Schulhof war voll halbwüchsiger Kinder, die voller Stolz ihre Recherchearbeit präsentierten. Aber das ist wieder eine andere Geschichte. Die Szene vom April 1944 kann ich mir also vorstellen: Die Straßen sind menschenleer. Das Wetter ist gewittrig. Im Schulhof und auf der Allee blühen die Kastanienbäume mit ihren gefingerten Blättern und ihren traubenförmigen Blütenständen. Eines der Lieblingsspiele der Buben im Frühling ist das Schleudern des Blütenschwanzes. Ihre Taschen sind voll davon. Du lädst deine Schleuder mit dem Ende der Blüte der Rosskastanie, spannst, zielst und lässt los. Wenn du dein Ziel mit großer Wucht triffst, schmerzt es sehr. Es brennt und hinterlässt eine bleibende Spur. Aber natürlich trifft kaum einer, und natürlich ist es verboten.
Im Schulhof knöcheln die Buben oder spielen noch eine letzte Partie Murmeln, bevor der Herr Direktor die Pause zu Ende pfeift. Es ist dreizehn Uhr dreißig, als ein Schrei ertönt: « Die Deutschen! », und alle Burschen wie Heuschrecken zur Mauer laufen. Alle wollen sehen, die Kleinsten auf den Zehenspitzen in ihren schweren Holzschuhen, aber nur die Größeren schaffen es, auf die Mauer zu klettern. In gleichmäßigem Tempo hallen die Pferdehufe auf dem Asphalt des Boulevards. Ein Wehrmachtsoberst und drei Offiziere reiten in ihren geschniegelten Uniformen auf die Allee zu ihrer täglichen Übung. Eine schöne Parade für die Kinder. Aber plötzlich hebt der Oberst die rechte Hand zum Herzen und stößt einen Schrei aus. Die Offiziere verstecken ihn, aber es ist nicht zu übersehen, dass der Oberst vor Wut platzt. Sein Gesicht ist rot und aufgeschwollen. Er steigt vom Pferde und schreitet zum Schultor. Die Kinder haben sich inzwischen zerstreut, so schnell wie sie gekommen waren. Denn alle haben verstanden, was vorgefallen ist. Der Oberst fordert den Schuldirektor auf, die ganze Schule unter dem überdachten Schulhof zu versammeln. Der ist wütend. Der schreit. Ein Offizier übersetzt: « Wer hat das Projektil geschleudert? » Der Direktor weiß, dass alle Kinder eine Schleuder in ihrer linken Tasche verstecken und dass ihre rechten voll Kastanienblüten sind. Aber niemand stellt sich, niemand petzt. Der Oberst fordert einen Schuldigen, ansonsten werden ein Lehrer und der Direktor in der Kaserne verhört. Der Oberst platzt vor Wut. Sein Gesicht ist rot und aufgeschwollen. Keiner stellt sich, keiner petzt.
Die zwei Lehrer werden zur Kaserne geführt und erst am späten Abend wieder freigelassen. Die Geschichte erzählt nicht, wer die Kastanienblüte geschossen hatte.
On m’a raconté cette histoire. Cela se serait passé en avril 1944. La scène se déroule à Castelsarrasin, à l’école de garçons du quartier Saint-Jean. Je la connais pour y être allée des années après, quand elle a été rebaptisée. Le préau de l’école, ce jour-là, grouillait d’enfants fiers de présenter le résultat de leurs recherches. Mais c’est encore une autre histoire. La scène du mois d’avril 1944, je l’imagine comme cela : rues désertes, le temps est à l’orage. Dans la cour de l’école et sur les allées, les marronniers aux feuilles digitées sont en fleurs. Au printemps, les garçons adorent jouer avec l’inflorescence qu’on appelle ici la moussègue. Leurs poches en sont pleines. Tu mets la moussègue dans ta fronde, tu vises et tu lâches. Si tu atteins ta cible, il paraît que c’est très douloureux. Ca brûle et ça laisse longtemps une trace. Mais bien sûr, c’est dur de bien viser, et bien sûr, c’est interdit !
Dans la cour, les garçons jouent aux osselets ou aux billes avant que le directeur ne siffle la fin de la récré. Il est treize heures trente quand un cri retentit : »Les Allemands ! » Aussitôt, tous les enfants bondissent vers le mur de l’école comme des sauterelles, pour voir passer les Allemands. Les petits sur la pointe des pieds dans leurs lourds sabots, mais seuls les plus grands parviennent à grimper sur le mur. Les sabots des chevaux résonnent sur l’asphalte du boulevard. Un colonel de la Wehrmacht et trois officiers font leur exercice quotidien sur le boulevard dans leurs uniformes tirés à quatre épingles. Belle parade pour les enfants. Mais tout à coup, le colonel porte la main droite à son cœur et pousse un cri. Les officiers le couvrent, mais on voit quand même que le colonel étouffe de colère. Il a le visage tout rouge et gonflé. Il descend alors de cheval et se dirige tout droit vers le portail de l’école. Les enfants se sont dispersés, aussi vite qu’ils étaient venus. Car tous ont compris. Le colonel exige du directeur qu’il rassemble toute l’école sous le préau. Il est fou de colère. Il crie. Un des officiers traduit : « Qui a lancé le projectile ? ». Le directeur sait que tous les enfants ont une fronde dans leur poche gauche et que la droite est pleine de moussègues. Mais personne ne se dénonce, personne ne moucharde. Le colonel veut un coupable, sans quoi le directeur et un professeur seront emmenés à la caserne pour y être interrogés. Le colonel est toujours rouge de colère. Mais personne ne se dénonce, personne ne moucharde.
Les deux enseignants ont été conduits à la caserne pour n’en ressortir que tard dans la soirée, indemnes. Mais l’histoire ne dit pas qui avait tiré la moussègue.