[Antoine Bourdelle, Sappho – 1925]
Grave beauté
muse amoureuse
ta lyre ne chante plus la poésie, les mystères d’Aphrodite.
Toi autrefois plus belle que Vénus
animée de la passion la plus vive
toi ardente et voluptueuse
te voilà interdite, éperdue.
Où est passé le feu, la grâce ?
Ton corps semble brûler, oui, mais de secrètes douleurs.
Quelle est cette langueur ?
Tourments de ton amour terrible ?
Mal de l’absence ?
Frisson de désespoir à l’approche de l’hiver ?
Tu as perdu la force, la passion et la voix.
Le front pâle incliné,
les joues creuses,
la bouche amère, mélancolique,
la main lasse et muette.
On dirait que tu pleures.
Pourtant, ton pied droit sous ta robe bat encore la mesure…