Ein Grab in den Lüften / Une tombe dans les airs

Du warst siebzehn, Adele, und du liebtest das Leben und die Literatur.
1925: das Jahr deiner Geburt
– von dem Grazer Rabbiner gibt es eine Urkunde.

Einige Jahre später, deine Eltern und du,
ihr müsst nach Frankreich fliehen.
Zuerst war es Marseille,
du hast das Meer gesehen.
Dann, du allein, Montmorency
Maison d’enfants, Rue de Valmy.

Schließlich ein kleines Dorf am Ufer der Garonne, wo sich der Fluss durch kleine Inseln aus weißen Kieselsteinen schlängelt, so still und glatt, bis zum weiten, endlosen Ozean.
Die Landschaft meiner 17 Jahre.
Und da, wie deine Eltern, Gisele und Bruno,
gestempelte Papiere vom Oberkommando,
vom Bureau militaire und von der Gestapo,
Passierschein mit Vermerk Pour aller seulement.
Hausarrest ausschließlich Commune de Montauban.

Dort gehst du ins Lycée Michelet.
Am Frontispiz steht Liberté,
Égalité, Fraternité,
aber auf den Boulevards,
selbst ohne gelben Stern,
gehässiges Herziehen,
nicht gesagt, nur gewispelt:
« Sale juive », « youpine »,
dans la bouche des gens;
contre ces mots blessants
contre ces mots passants,
tu apprends Baudelaire et Guy de Maupassant.

Im Sommer saßt du am liebsten in der Getreidehalle aus roten Ziegelsteinen,
im Schatten der Arkaden.
Von da haben sie dich geholt,
Auvillar heißt der Ort,
1942 war es,
Umsiedlung, Abtransport.
Keine Zeit für Abschied,
keine für ein Kaddisch.

Sie sind gekommen, Adele,
weil du dunkel bist und deine Augen Tauben sind,
und weil du Kurzweil heißt.

Dann gab’s das Lager von Septfonds, und jenes von Drancy,
danach Transportzug Nr. 30.

Es wurde Nacht und es wurde Tag.
Zurück gen Osten, der deutsche Himmel so blau.
Leise knirschte das Holz,
im Wind pfiffen die Fenster.
Hast du von Meeresrauschen und Sternschnuppen geträumt?

Es wurde Nacht und es wurde Tag.
Und in dem Morgengrauen, Raureif auf deinen Wimpern, blieb plötzlich der Zug stehen.
Sie haben dich geschlagen, sie haben dich verwundet,
und zerrissen dein Kleid,
geschoren deine Locken,
voller Tropfen der Nacht.
Und du, wie die Lilie unter den Disteln,
eine letzte Träne,
ein letzter Schmerz,
ein letzter Schrei.

Dann hat dein nackter Körper mit den Flammen getanzt,
die Lippen karmesin,
deine Haare versengt,
und deine Haut umwölkt von Myrrhe und Weihrauch,
in der schimmernden Glut,
brennend wie ein erster Kuss.
Es wurde Tag,
und eine Wolke zog.

Ein letztes Mal nenne ich deinen Namen, Adele:
Adele Kurzweil,
17 Jahre,
in Graz geboren,
in Auschwitz gestorben.

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Tu avais 17 ans, Adèle, et tu aimais la vie et la littérature.
Du jour de ta naissance, il ne reste qu’un acte
de 1925, du rabbinat de Graz.
Quelques années plus tard, pour échapper aux rafles,
Aux massacres, aux razzias,
C’est déracinement, et cap vers l’occident.

D’abord, il y eut Marseille, où tu avais vu la mer.
Ensuite, c’est une Maison d’enfants,
toujours sans tes parents,
au 7 rue de Valmy, ville de Montmorency.

Puis le sud de la France, au bord de la Garonne,
là où le fleuve fait un coude vers l’Océan
là où se sont formés des îles de galets blancs.
Le paysage de mes 17 ans.

Mais comme tes parents, Gisèle et Bruno,
des papiers tamponnés de l’Oberkommando,
du bureau militaire et de la Gestapo ;
tu es fichée « migrants », « dossier israélite »,
« laissez-passer », « errants »,
« papier d’éloignement »,
« sauf-conduit provisoire »,
mais « aller seulement ».
À Montauban, tu vas au Lycée Michelet.
Au frontispice est écrit Liberté,
Égalité, et puis Fraternité.
Oui, mais sur les trottoirs,
tu entends leurs brocards :
« Sale juive », « youpine »
dans la bouche des gens,
contre ces mots blessants,
contre ces mots passants,
tu apprends Baudelaire et Guy de Maupassant.

Plus tard, à Auvillar,
tu aimes bien t’asseoir
à l’ombre des arcades
de la vieille halle ronde.
C’est là qu’ils sont venus
te prendre, à la fin de l’été
1942, c’était jour de marché.
Ils sont venus, Adèle, parce que tu es brune et que tes yeux, oh, des colombes, et parce que tu t’appelles Kurzweil, Adèle.

Après, c’est le camp de Septfonds puis celui de Drancy.
Et un jour de septembre, le convoi Nummer Dreißig.

Il y eut un soir, puis un matin.
Retour vers l’est, le ciel allemand si grand.
Le bois craquait, les fenêtres sifflaient au vent.
Lueur des gares, des rails le grincement.
As-tu rêvé du ressac de la mer et d’étoiles filantes ?

Il y eut un soir, puis un matin…
Et dans le souffle de l’aurore, du givre sur tes cils, un jour d’automne, le train s’est arrêté.
Ils t’ont frappée, ils t’ont blessée, ont déchiré ta robe, rasé tes boucles, gouttes de nuit, abandonné aux ombres ton visage si tendre.
Et toi, lys parmi les chardons,
une ultime larme,
une ultime douleur,
un ultime cri.

Après…
après c’est ton corps dans les flammes,
tes lèvres écarlates,
tes cheveux, de la pourpre,
la peau ardente de myrrhe et d’encens.

Il y eut un soir, puis un nuage.

Une dernière fois, je dis ton nom, Adèle :
Adèle Kurzweil,
née à Graz, morte à Auschwitz,
17 ans.