Ohnmacht / Si c’est un homme

Ohnmacht
[Fresnes, Winter 1944]

„Es ist genug“, hat eine Stimme gesagt, und du bist kollabiert.
Wie lange warst du bewusstlos, wie lange?
Du hängst noch immer zwischen den zwei Stühlen, Hände und Füße an einen Holzbalken gefesselt, wie geschlachtetes Wild.
Das Blut pocht in den Schläfen,
die Augen wie geplatzt.
Sie haben dich verprügelt,
dir die Zehen zermalmt, die Nägel ausgerissen.
Klaffende Brauen,
schwärende Lippen,
Schlieren im Mund,
die Zunge angeschwollen.
Le sang palpite aux tempes,
la langue, suppurante,
les lèvres, plaies béantes.
Comme un gibier saignant…

Nun bist du allein in der Zelle, allein mit dem Brennen im Hals und dem Gestank des eigenen Urins und der eigenen Kotze. Ekel.
Noch lebst du also.

Auf den spasmischen Schmerz folgt die langsame Höllenfahrt, die Agonie.
Du hörst singende Stimmen, Wahnsinnsschreie,
das Grölen der Wächter, das Bellen der Hunde,
du lauschst den hallenden Schritten der Schatten. Sie werden wieder kommen.

So viele schlaflose Nächte, so viele finstere Tage. Und die machtlosen Tränen.
Mit einer Glasscherbe hast du deinen Namen und „Vive la France!“ in die schimmelnasse Wand geritzt, neben der Stelle, wo steht: „À ma mère, Courage! Richond Roland, 2 octobre 1943“.

Nein, sie werden dich nicht kriegen, du wirst diesen Todeskampf gewinnen.
Und morgen wirst du wieder leben.
Und du wirst wieder lächeln,
und du wirst wieder singen,
und du wirst wieder lieben.
Oder vielleicht …

« Si c’est un homme »

Une voix a dit « ça suffit », et tu as perdu connaissance. Combien de temps ?
Tu es toujours suspendu entre ces deux chaises, mains et pieds entravés, attachés à la poutre,
gibier agonisant.

Le sang palpite aux tempes,
tes yeux dilacérés.
Ils t’ont roué de coups,
tes orteils sont broyés,
tes ongles arrachés.

Les sourcils, plaies béantes,
les lèvres suppurantes,
la langue purulente.

Tu es seul dans la cellule,
seul avec cette brûlure à la gorge et la puanteur de ton urine et de tes vomissures. Dégoût.
Mais tu es en vie.

Après les convulsions, les spasmes de douleur, c’est la descente aux enfers, une lente agonie.
Tu entends des voix chanter,
puis des cris de folie,
les abois des gardiens,
le feulement des chiens.

Tu guettes les pas résonnants des ombres.
Tu sais qu’il faut tenir
parce qu’ils vont revenir.

Tant de nuits sans sommeil,
tant de jours sans lumière.
Seules tes larmes muettes.

Avec un bris de verre tu as écrit ton nom et puis : « Vive la France ! » au mur de moisissure,
à côté de l’endroit où un autre, avant toi, avait écrit : « À ma mère, Courage ! Richond Roland, 2 octobre 1943 ».

Mais ils ne t’auront pas, et tu vas gagner ce combat.
Et demain, tu verras,
tu réapprendras à aimer,
à chanter et puis sourire,

ou bien tu cesseras de vivre.