[Bourdelle, Centaure mourant – 1911, d’après La mort du dernier centaure]
jusque-là indompté.
Habile sage, érudit, dont les seuls accords de lyre savent guérir les maladies.
Touché au pied par une flèche empoisonnée, trempée dans le sang de l’hydre de Lerne,
une flèche perdue décochée par Hercule, celui-là même dont il avait été le maître.
Et, les pattes brisées, son grand corps déchiré, le torse distordu,
effondré sur le flanc,
il meurt,
en pleine lutte,
la lyre encore à la main.
La tête basculée sur l’épaule, les muscles du cou raidis dans un spasme de douleur,
les bras disloqués, les mains ouvertes, comme en prière,
pour échapper au mal incurable,
aux horribles souffrances,
à l’agonie éternelle.
C’est peut-être l’instant même où l’animal fabuleux redevient humain avant d’être changé en constellation d’étoiles :
les lèvres encore crispées par un rictus amer,
mais l’apaisement aux paupières et, sur la joue, comme des larmes de sang.